JEAN-CHRISTIAN ROSTAGNI

Urging the World to See

LIFE ON MARS

The Revelation

MomentsVer

DANS LES MOMENTS DE VERITE---Paris, February 1993

LIFE ON MARS


I believe that my mission as a photographer is to show people what they cannot or do not want to see.

While I immigrated to the U.S. with perfectly good intentions, out of professional integrity I could not avoid photographing what seemed to need to be revealed. That eventually turned into “Life on Mars.” This work actually started in France in 1993, curiously shortly before I moved here, the day when I observed my wife (who is American), disgusted after seeing some dead deer heads at a butcher shop in a market in Paris. I have to say that the scene was a little unusual, even for a Frenchman. The heads had been skinned, the eyes were expressionless, yet very present, the blood was still fresh. Yet I doubt that any French citizen would really pay too much attention, as we are somewhat used to this kind of scene, know them as a fact of life. Seeing my wife’s reaction, I understood the cultural implications, and went to shoot that butcher shop “still life”, which I titled “Dans les moments de Vérité” (In the moments of Truth). I dedicated the shot to the American people for which I have great tenderness, but nevertheless know as a whole, of having a hard time facing reality and taking responsibility for their actions. The post 9-11 era has so far exemplified that, and this photograph is a good introduction to what I want to tell them.

The title “Life on Mars,” is because a number of western Europeans wonder if Americans are really from Earth? You see, there are some apparent incompatibilities between the America that we see as a place of advanced technology, a laboratory for progress, and the America home of the death penalty, war mongering, religious fundamentalism, and so on… A possible explanation is that Americans actually come from another planet, and Mars, also known as the God of War, is the best candidate.

I am a “Photographe sur la Ligne de Front” (Frontline Photographer), I urge the world to see. My battle is an ideological, and a technical one. My mission is to capture photographs of reality and coerce them into revealing depth, thoughtfulness, beauty, poetry. All this through sometime alternative techniques, always on the edge, but never outside of the essential visual conventions, also known as semantic. My strategy is to build an armada of visual bombs that will break the defenses of the “sleep walking through life consensus.” I have made mine Ché’s famous line: “It is Because we are Realist that we Ask for the Impossible,”
I realize that I reveal here being more Ché than Gandhi. I am not proud of that, but honesty should prevail, and so should my other friend (John Lennon)’s line: “They’ll say that I am a dreamer, but I am not the only one.”

LA VIE SUR MARS


Ma mission en tant que photographe est de montrer ce que beaucoup ne voient pas ou ne veulent pas voir, et c’est ainsi que je me défini “Décilleur.”

Lors que j’ai immigré aux Etats Unis avec de parfaites intentions, mon intégrité artistique me poussa à photographier ce qui demandait à être révéler, à mes yeux, cela va de soi. C’est ainsi que “Life on Mars” (La vie sur Mars) éventuellement vit le jour. Ce travail commença en fait en France en 1993, curieusement juste avant que je ne me re-localise dans cette banlieue du monde. Un jour je remarquai que mon épouse américaine était livide après avoir vu des têtes de biches dépecées sur un marché de Paris. Bien sûr la scène était un peu hors du commun, mais rien qui à mon sens ne soulèverait le coeur de la plupart des français, normalement exposés à ce genre de spectacle dès le plus jeune âge. Je compris instantanément les implications culturelles que la réaction de mon épouse démontrait, et je me précipitai alors pour photographier cette “nature morte” à laquelle je donnai le titre “Dans les Moments de Vérité.” Cette photographie est désormais dédiée au peuple américain pour lequel j’ai une grande tendresse, mais que je sais dans l’ensemble avoir des difficultés à faire face à la réalité et aux conséquences de ses actions. Ce qui a suivi les évènements du 11 Septembre constitue une bonne illustration de cela, et cette photographie est une excellente introduction pour ce que j’entend témoigner dans “Life on Mars.”

“Life on Mars” c’est parce que nous autres Européens somment en droit de nous demander si les Américains ne sont pas des extra-terrestres? Il semble qu’il y ait des incompatibilités entre l’Amérique que nous envisageons comme l’épicentre des technologies nouvelles, un laboratoire de progrès, et l’Amérique championne de la peine de mort, du va-t-en guerre, du fondamentalisme religieux “chrétien” etc... Une explication serait que les Américains en fait viennent d’une autre planète, des envahisseurs en quelques sortes, et alors Mars, le dieu de la guerre, pourrait bien être l’origine présumée de ces véritablement curieux individus.

Je suis un photographe sur la ligne de front, un déciller professionnel. Mon combat est idéologique et technique. Ma mission consiste à capturer des images éminemment réalistes et de forcer la réalité contenue à révéler une profondeur, une beauté, une poésie contraignante. Tout cela grâce à des techniques de pointe, toujours à l’avant garde, mais jamais au delà de la sémantique. Ma stratégie est d’accumuler une armada de bombes visuelles qui créeront une brèche dans les défenses du consensus de la médiocrité. J’ai fait mienne la phrase du Ché “C’est parce que nous sommes réalistes que nous demandons l’impossible,” et je réalise que ce faisant, je révèle être davantage Ché que Ghandi. Je n’en suis pas fier, mais l’on se doit d’être honnête. Alors Longue vie à John Lennon : “Ils disent que je suis un rêveur, mais je ne suis pas le seul.”